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La page de Sophie Jama
15 juin 2009

Sophie Jama, Les temps du nomade. Entretiens avec Naïm Kattan, Liber, Montréal, 2005, 250 p.

  • Temps_nomadeL’écrivain juif canadien Naïm Kattan est l’auteur d’une trentaine de livres publiés. En dehors de la poésie, il maîtrise tous les genres littéraires, l’essai, le roman, la nouvelle, la pièce de théâtre, l’article de presse, la critique littéraire, etc. Ses textes qui sont « tous des narrations », affirme-t-il, ont souvent été traduits, et il connaît une renommée internationale.
    Naïm Kattan naît en Irak en 1928. Dans son enfance il s’initie aux quatre langues enseignées à l’Alliance Israélite Universelle, l’arabe de son pays, l’hébreu de sa religion et deux langues étrangères, le français et l’anglais. Puis c’est l’école secondaire musulmane en arabe, où il apprend à la fois la poésie pré-islamique et le Coran. L’arabe est la langue dans laquelle il commence à écrire, dès l’âge de quatorze ans. Un peu plus tard, il se fait journaliste et correspondant de presse à Bagdad. Il aime la littérature française et, à 18 ans, il obtient une bourse du gouvernement français pour suivre des études de Lettres à la Sorbonne. Il adopte alors la langue française comme langue d’écriture, celle dans laquelle il s’exprime jusqu’à aujourd’hui. Durant les sept ans de son séjour parisien, il fréquente le milieu surréaliste autour de Breton, il rencontre André Gide et se lie d’amitié avec Yves Bonnefoy. En 1954, il choisit d’émigrer au Québec. C’est à Montréal, « dans l’Amérique qui parle le français », comme il aime à le dire, qu’il passe la plus longue période de sa vie. Les thèmes de réflexion de Naïm Kattan se nourrissent de son parcours biographique et des rencontres qu’il a pu faire dans les différents lieux vécus ou visités. Il n’est pas un exilé mais un nomade ; il est un passeur de savoir, de pensées et de récits.

Les Juifs vivaient en Babylonie bien avant l’émergence de l’islam et du christianisme. C’est le lieu de rédaction du Talmud, la tradition orale de la Torah. Naïm Kattan, dont le nom possède une signification en hébreu comme en arabe, s’est autant alimenté de la Torah que du Coran, du Talmud que des Mille et une nuits. Si l’arabe est sa langue maternelle, le français est sa langue affective. Son périple Irak - France - Canada l’a fait passer du Moyen-Orient à l’Occident et de l’Occident à l’Extrême-Occident (l’Amérique). Lui qui a changé de langue, de culture et de civilisation possède des centres d’intérêts multiples qui peuvent être classés en trois grandes catégories dont les liens sont serrés les unes avec les autres :
- La parole : « La narration est une lecture du monde ». Naïm Kattan a écrit sur toutes les sortes de littérature (littérature juive américaine, sud-américaine, française, québécoise…).
- L’espace : « La fortune du passager, c’est d’être passager » ; son expérience est celle d’un changement de lieu, de langue et de contexte religieux.
- Le temps : « La mémoire est une promesse » ; le vécu de toutes ses expériences est celui d’une modification dans la conception du temps.
Naïm Kattan est dans une recherche incessante de l’autre identité et de l’identité de l’autre, de l’autre langage, de l’autre temps et de l’autre espace. Il aime toutes les rencontres, celles des personnages célèbres tel André Malraux, Elie Wiesel ou André Chouraki ; celles aussi des anonymes puisque, tous, ont une vie à raconter…

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